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La Nation Etranglée

La Nation Etranglée

La Guerre des Gaules par Vercingetorix

La Nation étranglée : Le livre

Publié par Brenn sur 21 Septembre 2016, 19:09pm

Catégories : #Le Livre

La Nation étranglée : Le livre

Nos ancêtres les Gaulois…une phrase sibylline résumant l’essentiel de la connaissance moyenne d’un citoyen français sur ce qui représente plusieurs siècles de son histoire ; une histoire ancienne il est vrai. Pourtant une partie de cette courte assertion, retenue dans le langage courant, et qui figure dans les livres d’histoire ne représente pas « l’appellation d’origine ». Aucun celte des tribus : Arvernes, Eduens, Carnutes, Bretons, Senons, Lingons, Pictons, Bituriges, pour ne citer que celles-là, ne s’appelait Gaulois ! Ils étaient tout simplement des Celtes et portaient le nom de leur tribu. Ils étaient et se savaient Celtes, Kelt, Keltoï ; le monde qui les avaient approchés ou connus les identifiaient comme tels, les auteurs grecs disent et écrivent Keltoï pour les désigner. Alors pourquoi Gaulois? Les Celtes de la partie ouest du Rhin ne sont devenus Gaulois que par l’arbitraire de leur pire ennemi, Rome, que par la fantaisie d’un proconsul, Jules César. Ils sont Gaulois « à l’insu de leur plein gré » dirait-on aujourd’hui. Appartient-il à votre ennemi de vous donner un nom que va retenir l’Histoire alors que vous en avez déjà un ?

Comment cela a-t-il été possible ?

Les Celtes n’écrivaient pas, en déduire qu’ils n’en avaient pas la capacité serait une erreur ; ils ne voulaient pas, car telle était leur culture. La transmission du savoir, la science, la connaissance étaient l’apanage des « Dru wi », des druides et se faisait délibérément par voie orale.

Les Romains, eux écrivaient ; raser toute opposition militaire, politique et culturelle en « Gaule » ne leur suffisait pas ; il fallait aussi éradiquer l’identité. On oublie les Celtes, nous devenons Gaulois, puis après l’écrasement, la colonisation, nous devenons gallo-romains ! Les autres peuples d’Europe, n’ayant pas connu les « joies » d’une invasion romaine durable, et le « bénéfice » de leur apport en civilisation, ont gardé leur nom. De « beaux restes » persistent après deux millénaires, « la France un pays latin » ! Confusion tragique du point de vue de la connaissance avec la réalité, la France un pays culturellement latinisé.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, il en est de même pour ce que l’Histoire a retenu de la guerre dite « des Gaules ». Le seul témoignage contemporain écrit de l’époque est celui de Jules César…auteur, témoin, acteur, leader belligérant donc partisan et peut être aussi un peu…menteur.

Le proconsul Jules César a décidé de promouvoir son rang social, son avenir politique et sa fortune personnelle en envahissant et en soumettant la partie ouest de l’Europe, voisine de Rome. Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que le « reste » est déjà pris par ses rivaux politiques. La conduite de sa campagne militaire, conclue par sa victoire militaire à Alésia, l’a très directement conduit au pouvoir. La « guerre romaine » conduite par César a vu les légions se livrer à d’abominables massacres (44000 personnes, femmes et enfants, massacrées à Avaricon (Orléans, Avaricum pour les romains). Mais c’est le pillage systématique de ressources celtes, le commerce de centaines de milliers d’esclaves celtes qui ont donné lieu à l’enrichissement de Jules César. Un trésor fabuleux constituant un levier puissant pour acheter les alliances politiques à Rome en un temps où son mécène avait disparu.

Ainsi avons- nous hérité d’une description« césarienne » monopolistique des évènements, des circonstances, des faits. Une définition par définition contestable et curieusement peu contestée.

Pourtant, que de contradictions, que d’incohérences, que de « vérités » aussi assénées qu’imbuvables.

Selon Jules César, les Celtes, pardon les Gaulois sont des barbares, des sauvages ; ils sont divisés, versatiles, ils ne constituent pas un peuple, encore moins une Nation, en clair, on peut y aller quoi ! Ils sont grands et forts, ils n’ont peur de rien et sont furieux dans la bataille (furia gallica) ; leur armée est nombreuse, très nombreuse, beaucoup plus nombreuse que les légions romaines…la victoire césarienne n’en est donc plus que méritoire. Ainsi connait-on Alésia, une défaite, fouille-t-on Alésia, décennie après décennie, mais qui connait l’éclatante victoire de Gergovie berceau de la résistance à l’envahisseur Romain ?

Ainsi, reprenant la description du Romain, « l’Ecole de la République » nous a-t-elle appris que les Gaulois étaient des attardés, sales et vivant dans des huttes en bois, dans des forêts ou sur des pilotis dans des marécages…alors que les recherches archéologiques avèrent un pays riche, ayant une agriculture organisée, des ressources minières donnant lieu à une exploitation ingénieuse, un artisanat réputé au-delà des frontières.

Le peuple Celte a dû faire face à une invasion conduite par l’Empire le plus organisé militairement du monde connu de l’époque, et l’un des plus pervers parmi les conquérants.

Ecoutons Amédée THIERRY :

« l’ignoble stratagème de césar pour arriver à ses fins…la corruption des élites gauloises.. il se faisait livrer comme otages les jeunes aristocrates gaulois étudiant à loisir leur caractère et leurs penchants…il s’appliquait à les corrompre par l’ambition…à les éblouir par la gloire…à étouffer en eux tout sentiment patriotique…de cette pépinière de petits tyrans sortaient ses instruments les plus dévoués et les traîtres les plus redoutables à la Gaule…il les jetait ensuite sur le point où il voulait exciter les orages. Préparant par leurs intrigues une conquête facile et en apparence moins odieuse que la conquête à force ouverte…. » . Il fait installer l’empire, par des gaulois eux-mêmes devenus ses « agents », et des traîtres à leur patrie».

La collaboration bien avant 1940 !

Dumnorigh chef éduen cité par A. THIERRY : « César s’est emparé par une perfidie infâme de tout ce qui conservait encore dans l’âme celte quelque indépendance, quelque amour de la patrie. »

Aux écrits de Jules César sur sa conquête de la Gaule manque cruellement la version de son adversaire Vercingétorigh.

Qu’en est-il de la situation alors que le Chef Arverne appelle au soulèvement ?

La pénétration romaine en « Gaule » remonte maintenant à plusieurs décennies ; il ne s’agit plus d’une domination ponctuelle imposée par des victoires militaires éparses sanctionnées par des « accords » forcés nouant des relations de « maître amical » envers son « sujet ». Rome a annexé purement et simplement les territoires du Sud, et s’est ouvert un couloir commercial tout le long du Rhône, en s’assurant l’allégeance des éduens. Instrument d’une planification de conquête, cette voie offre à ses légions un axe de déplacement sécurisé, jalonnée de dépôts logistiques, lui permettant d’intervenir rapidement à l’ouest sur l’ensemble de la «Gaule», à l’est, sur la Germanie.

Cette domination maniée par le glaive, puis par la corruption des « élites », lui sert un butin gigantesque dont une partie trouvera des emplois judicieux pour l’acquisition de sympathies politiques à Rome.

Les éduens, maintenant installés dans la collaboration avec Rome, bénéficient d’un traitement privilégié destiné à leur faire « infecter » le reste de la « Gaule ». Cette politique fonctionne, elle économise les légions, et l’ingérence de César atteint des sommets. C’est lui, un romain qui convoque les assemblées de tribus où se rendent certes, les « gouvernements » qu’il a imposé par la ruse, la force et/ou la corruption.

Pourtant cet ensemble ne représente qu’une façade, car partout, et dans toute la société celte plane le rejet et le goût de retrouver l’Indépendance. En l’état émerge chez les Celtes la conscience de l’impasse dans laquelle ils se trouvent face à la puissance romaine. Le temps des luttes individuelles, et même, des alliances partielles est révolu. Aucune tribu, même parmi les plus puissantes ne peut affronter Rome seule avec la moindre chance de succès.

Le maintien d’une « Gaule » composite annonce la certitude de sa disparition. Chaque victoire romaine ne donne pas lieu à un « bilan vainqueur/vaincu », mais débouche sur l’élimination du vaincu en tant qu’entité politique et dissout son identité.

Malgré la récurrence des conflits internes, l’intrusion romaine ouvre leurs yeux sur leur identité antagoniste par rapport à Rome ; la conscience d’appartenir à un peuple homogène par le sang, la culture, la loi, la religion, la conception de la vie en commun ne peut que s’élever. Même les tribus les plus éloignées de la menace romaine s’interrogent sur le sort qui pourra être le leur.

La fragmentation de l’organisation politique des tribus celtes constitue une faiblesse majeure porteuse d’un germe mortel face à un adversaire comme Rome.

Se réunir autour d’un projet politique commun d’unification, même progressif, représente une démarche gigantesque, qui, à considérer qu’elle puisse s’engager, nécessite du temps et devra passer par des crises…or, la menace romaine est immédiate et irréversible.

Dans ce contexte, prendre la tête d’un soulèvement le plus général possible c’est se donner la possibilité d’une victoire militaire significative qui résonnera dans les esprits comme la démonstration qu’unis, les

« Celtes » peuvent tenir tête à Rome, préserver leur liberté et leur civilisation, leur Indépendance et leur liberté.

Mais vaincre César, ce n’est pas vaincre Rome …

La victoire de Gergovie appartient exclusivement au Chef Arverne, elle lui vaut la « ratification » par les éduens de son statut de Chef Suprême de toutes les armées Celtes, circonstance unique dans l’histoire de ce peuple. En admettant même que l’adhésion des éduens ait été offerte à Bibracte « du bout des lèvres », notoirement en raison de leur rivalité de préséance avec les Arvernes, qu’aurait valu à Vercingétorigh une victoire totale à Alésia ?

Quelles conséquences personnelles pour le Brenn*, et quelles suites géopolitiques si le Proconsul Jules César avait été non seulement battu, mais physiquement éliminé ? L’histoire de Rome en eut été changée. L’autorité de Vercingétorigh devenait définitivement incontestable et la nécessité de maintenir et de renforcer la cohésion du peuple celte incontournable car Rome allait réagir. Dès lors, le sort des Celtes devenu commun dans la guerre de libération menée contre Rome, s’engageait dans la voix de la création de la Nation.

C’est dans ce sens que la fin sordide qui a été réservée à Vercingétorigh par César nous a porté à donner pour titre à cet ouvrage : « La Nation Etranglée »

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